Le tambour-de-ville de Sion

Tambour-de-ville !
Voilà une profession qui a depuis longtemps disparue!

Il est bien éloigné le temps où ce personnage haut en couleur battait le pavé et arpentait nos rues chiasseuses, la moustache drue battant au vent, fièrement sanglé dans son uniforme qui en imposait aux croè botches qui s’encouraient derrière lui en bouèrlant comme des kayons qu’on saigne !
Vêtu d’un lourd manteau qui le protégeait autant contre les rigueurs de l’hiver et de la bise que des affres de la canicule, il arborait une belle casquette à visière, vissée sur la tête, indiquant sa fonction officielle.

Chaque ville, chaque commune avait le sien qui était connu de tous les habitants. Il portait, en bandoulière par devant, un bon vieux tambour avec lequel il battait la chamade pour faire un raffut du diable afin de rameuter la population. Au son du tambour, les habitants s’encouraient quêter les avis officiels et s’agglutinaient en grappe autour de lui pour écouter les proclamations des autorités, qu’il vociférait d’une voie grave et saccadée, séparant chaque syllabe, d’un ton solennel qui vous pétrifiait jusque dans le pantalon !

Celui de Sion, décédé en 1908, fut photographié vers 1900 sur les pavés de la Rue du Grand Pont, devant la Fontaine au lion. On l’appelait Zibermeyer et il défraya la chronique en 1883 au sujet d’une mésaventure survenue au cours du marché hebdomadaire. Ce jour-là, en effet, battant le tambour, Zibermeyer n’avait pas remarqué la présence d’un mulet dans son dos. Au son du tambour frappé rapidement et avec force, l’animal apeuré s’affola et rua si fort contre ce « monstre bruyant » qui l’agressait qu’il démolit entièrement l’instrument. Par chance, le tambour-de-ville s’en sortit indemne !

Jean-Christophe Moret

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