Glis – St-Josephkapelle

La bourgade de Glis, à l’entrée de Brigue, doit son nom à l’existence d’une des plus vieilles églises du Valais, dont nous avons retrouvé les traces en 1984, à l’occasion de fouilles archéologiques. Cette première église comportait des fonds baptismaux et de nombreuses tombes qui montrent qu’elle existait déjà en 615.
 
Glis n’est en effet qu’une germanisation tardive du terme latin ecclesia, « église », la région étant encore de langue francoprovençale au 12e siècle.
 
Cette église fut probablement la première du Haut-Valais. On sait d’ailleurs que la contrée de Naters figurait parmi les riches terres données en 515 à la royale Abbaye de Saint-Maurice-d’Agaune par Siegismund (littéralement « Célèbre dans la victoire »), roi des Burgondes établis en Suisse occidentale.
 
Ces Burgondes étaient  un peuple scandinave venu des lointains rivages brumeux de Scanie, au sud du Götaland, du Skagerrak et du Kattegat où j’ai eu le privilège d’être conçu au bord d’un fjord, il y a de cela un demi-siècle, non loin de la baie où Ragnar Lodbrok avait sa royale résidence. Ils peuplaient aussi Burgundarholm, « l’île des Burgondes » en langue viking, qui se dresse au beau milieu de la Mer Baltique et que l’on nomme aujourd’hui Bornholm.

Il s’agissait de pré-Vikings en quelque sorte, puants l’ail de la gueule et qui se graissaient leur blonde chevelure avec du beurre rance, si on en croit la description des auteurs romains qui les dépeignent comme de redoutables guerriers géants, hauts de sept pieds romains, soit plus de 2 mètres !

Après avoir émigré vers l’ouest durant l’époque romaine, ils avaient établis un puissant royaume sur les rives du Rhin au 4e siècle, dans la région de Worms près de Mayence.
Leurs rois étaient les Niebelungen, les gardiens de l’or du Rhin, chantés par les légendes germaniques et célébrés par Wagner dans ses opéras « Le Crépuscule des Dieux », « Kriemhilde » et “Les Valkyries”.
Ce premier royaume burgonde du Rhin fut détruit en 436 par les terribles Huns d’Attila et le roi burgonde Gundahar (le célèbre Gunther des récits des Niebelungen) fut tué à la tête de ses guerriers.
En 443, les Burgondes furent donc transférés par le patrice romain Aetius en Helvétie occidentale, où il fondèrent un second royaume en tant que fédérés de l’Empire romain. Le but de l’administration romaine était de verrouiller ainsi le Plateau suisse face aux turbulents Alémanes qui n’en menèrent pas large face aux géants nordiques! Ce qui préserva la Suisse romande (Suisse romaine) d’une germanisation par nos amis alémaniques qui restèrent tranquillement de l’autre côté de la Barrière de Rösti!
La première capitale de second royaume burgonde était Genève, où siégeait Gundobald, père de Siegismund, qui fut Patrice des Gaules et dont nous avons fait Gondebaud et Saint-Sigismond. La métropole religieuse du nouveau royaume était l’abbaye de Saint-Maurice, à l’entrée du Valais, où l’on vénérait les saintes reliques des martyrs de la Légion thébaine, venue de Thèbes en Egypte, l’actuelle Louxor. D’où les nombreuses donations faite par le roi Siegismund à la royale Abbaye, dont Naters, Loèche, Bramois, Vétroz, ainsi que la Vallée du Trient.
 
L’église paroissiale actuelle de Glis est bien plus tardive. Elle date de 1519 mais fut remaniée à plusieurs époques.
Derrière le cœur, dans l’enclos du cimetière, se dresse un édifice plus modeste, la chapelle Saint-Joseph qui date de 1673. Elle est de style baroque, comme la plupart des édifices religieux du Haut-Valais. Sa constructions participa des efforts de la contre-réforme en Valais, sous l’auspice des Jésuites et des Capucins, pour conserver les Valaisans dans la bonne vieille foi catholique.

Le portique extérieur, très coloré, fait très « temple antique ». L’intérieur est étonnamment sobre, mais le chemin de croix moderne en fer forgé est très original. Au fond du cœur trône un magnifique maître-autel baroque, voué à saint Joseph, renfermant à sa base, derrière une vitre, les reliques d’une mystérieuse sainte…