Le mur de foehn

Le foehn est un vent typique des Alpes et notamment du Valais, où il peut souffler avec une violence inouïe !
Ce vent très particuliers, chaud et sec, était déjà connu de nos ancêtres gallo-romains et des Romains eux-mêmes qui l’avaient appelé foenus, d’où le nom actuel qui n’est qu’une déformation germanisée.

Il s’agit d’un vent du sud qui ne souffle en Valais que lorsque d’importantes masses d’air très humides remontent de la mer Méditerranée et viennent butter contre la barrière des Alpes qui bloque leur progression vers le nord.
Au contact des versants plus froids des montagnes enneigées qui font barrage, l’humidité contenue dans la masse d’air se condense en épais nuages compacts qui voilent le ciel sur le nord de l’Italie, provoquant des précipitations diluviennes sur le versant sud des Alpes. La masse d’air étant bloquée par la chaîne montagneuse, ces précipitations se prolongent parfois sur plusieurs jours et prennent alors la forme d’un véritable déluge. Ce qui se traduit par des inondations catastrophiques et des cours d’eau qui sortent de leur lit au sud des Alpes, notamment au Tessin et sur le versant méridionnal du Simplon, dans la région de Gondo.

Au fur et à mesure que les nuages perdent de l’eau et de la masse sous forme de pluie, la masse d’air s’allège et grimpe progressivement en altitude le long des montagnes. Ceci explique le phénomène du « mur de foehn » qui se forme souvent sur la crête des Alpes valaisannes, au point de contact entre la masse nuageuse couvrant l’Italie et le ciel dégagé et ensoleillé du Valais, au nord des Alpes. Lorsque l’air s’est suffisamment allégé en perdant son humidité pour monter à une altitude plus haute que celle la crête des Alpes valaisannes, il bascule et s’écoule le long du versant nord des Alpes. Il se forme alors un mur de nuage compact et bourgeonnant qui épouse la crête des Alpes valaisannes et longe le fait de la chaîne. Ce mur prend parfois la forme d’un rouleau sombre et menaçant couronnant les montagnes, d’où se détachent des filaments duveteux qui semblent s’écouler rapidement vers le bas par les brèches et les cols d’altitude, comme une piscine qui déborde. Ces filaments traduisent l’effet du foehn qui bascule littéralement dans le fond des vallées latérales sud, pour converger ensuite vers la vallée du Rhône qui canalise alors un véritable fleuve de foehn qui emplit la vallée. Au niveau de la plaine, ce fleuve de foehn se traduit par un vent particulièrement sec et chaud, la masse d’air ayant totalement perdu son humidité et se réchauffant au fur et à mesure qu’elle perd de l’altitude. Ce fleuve prend de la vitesse au fur et à mesure qu’il descend le Valais, accéléré par les différents courants débouchant des vallées latérales sud comme autant de torrent qui s’ajoutent à la masse.

Selon les conditions météorologiques, ce vent peut atteindre des vitesses inouïe et prendre un caractère carrément tempétueux. On parle alors de « tempête de foehn », la violence des rafales frappant avec une telle force les obstacles situés sur son chemin que le foehn est capable de coucher des forêts entières et d’endommager fortement les bâtiments et les infrastructures humaines.

Dans les années 1990, si mon souvenir est exact, une locomotive de l’AOMC circulant dans la plaine du Chablais sur la ligne ferroviaire entre Ollon et Saint Triphon, avait été brutalement renversée et couchée sur le flanc par une rafale de foehn…

Jean-Christophe Moret