La mystérieuse sainte Corona, gardienne des mauvais esprits et des trésors cachés

Ce matin, entre deux tournées de bières Corona, j’ai adressé une petite prière à sainte Corona…Vous ne connaissez pas sainte Corona ?

Pourtant, il s’agit bien d’une sainte officielle, catholique et vaccinée, avec tout le tremblement et le toutim, reconnue par le clergé catholique, malgré ses origines mystérieuses entourées de secret. Sa chapelle n’est pas en Valais mais en Bavière. Elle se dresse dans une forêt près de Sauerlach, sur la commune d’Arget, au sud de Munich.

Sainte Corona est une martyre de la fin du 2e siècle, vénérée principalement en Bavière et dans le Tyrol du nord. En Suisse, on la connait à peine et elle est inconnue au bataillon en Valais où on lui préfère Sainte Catherine, patronne protectrice des Valaisans.

La vie de sainte Corona semble avoir été frappée du sceau de la souffrance. La légende dit qu’à 16 ans, elle assista impuissante à la mort de son mari Victor, exécuté par l’autorité romaine impériale en raison de sa foi chrétienne. Condamnée à mort elle aussi, la jeune-fille fut attachée entre deux palmiers et martyrisée en 175 après J.-C., quelque part en Syrie ou en Egypte.

Ses reliques auraient été rapportées en Europe par Charles IV et Otton III qui les auraient déposées dans les cathédrales de Prague et d’Aix-la-Chapelle, l’antique capitale de l’empire carolingien fondé par Charlemagne. Dans le diocèse de Passau, près de la frontière entre la Bavière et le Tyrol, il y a même deux églises commémorant Sankt Corona !

Cette sainte sulfureuse a toujours été réputée comme la gardienne des trésors cachés et des mauvais esprits.
Il est difficile de savoir comment son culte s’est diffusé en Bavière et au Tyrol car les sources restent très mystérieuses à ce sujet. La légende raconte qu’en 1599, un couple aurait trouvé dans une chapelle une sculpture en bois anonyme qu’il aurait emportée dans leur domicile. On dit qu’elle n’y demeura pas longtemps et qu’elle retourna miraculeusement d’elle-même à l’endroit où elle avait été trouvée.
Ce n’est qu’en 1648 qu’on entreprit de lui élever un lieu de culte, sous la forme d’une petite chapelle perdue au milieu de la forêt, à l’endroit même où la sculpture aurait été trouvée. C’est à partir de ce petit sanctuaire forestier que son culte se développa progressivement. Il connut une telle ferveur et prit une telle ampleur qu’en 1807, le prête de la région dénonçait les excès et les débordements auxquels se livraient les habitants en ce lieu mystérieux : «Les garçons boivent du schnaps, dansent et se battent ! ». Pour y mettre fin, le curé finit carrément par démolir la chapelle.

On raconte que l’aubergiste du village Arget récupéra alors les pierres du sanctuaire maudit pour édifier une porcherie. L’élevage étant placé sous une mauvaise étoile, les registres historiques laissent entendre que son commerce périclita, si bien que les pierres maudites furent bientôt de nouveau à disposition pour rebâtir la chapelle.

En 1820, c’est avec ces mêmes pierres récupérées que l’on édifia une nouvelle chapelle dédié à Sankta Corona. Elle fut bâtie à l’emplacement même où se dressait la première chapelle et où avait été trouvée la mystérieuse statue. L’édifice existe toujours dans l’ombre de la forêt, même si la ferveur populaire l’a un peu oubliée en 2020. Des services religieux y sont toutefois encore célébrés trois fois par an et la petite chapelle forestière fait encore l’objet de dévotions particulières au printemps, à l’occasion de la fête de sainte Corona, célébrée le 14 mai.

On raconte toutefois que certaines nuits noires et sans lune, de mystérieux 4×4 noirs et des chasseurs de trésors s’enfoncent dans les profondeurs de la forêt obscure pour venir adresser des prières à la mystérieuse sainte, maîtresse des mauvais esprits…